Mon histoire avec le gluten, c’est un peu comme une vieille romance qui a mal tourné. Pendant longtemps, je n’ai pas su qu’il me faisait du mal. Il faisait partie de ma vie : les baguettes chaudes à la boulangerie, les croissants du dimanche matin, les assiettes de pâtes englouties après une journée bien remplie… c’était ma routine, mon réconfort.

Tout a commencé par des petites alertes. Des ballonnements après les repas, des maux de ventre qui revenaient toujours au même moment, cette fatigue diffuse qui me suivait partout. Je mettais ça sur le compte du stress, des repas pris trop vite, de ma digestion capricieuse. Je me disais : “C’est normal, on a tous mal au ventre de temps en temps.” Sauf que moi, c’était tous les jours.
Il y a eu des phases où je me sentais vraiment à bout. Je me rappelle une fois, après un déjeuner en terrasse avec des copines, j’ai dû rentrer chez moi en urgence parce que j’avais mal à en pleurer. J’avais mangé une simple salade de pâtes, mais mon ventre me faisait payer chaque bouchée. Je ne comprenais pas. Je commençais même à croire que j’étais juste trop sensible, trop “dans ma tête”.
Puis un jour, en surfant sur Internet (merci les soirées passées à chercher des réponses sur Google !), je suis tombée sur un article qui parlait du gluten. Jusqu’alors, ce mot, c’était juste une tendance un peu snob à mes yeux. Les gens qui disaient “je mange sans gluten” me semblaient un peu extrêmes, je l’avoue. Mais en lisant cet article, j’ai commencé à me reconnaître. Les symptômes, les douleurs, la fatigue… ça ressemblait tellement à ce que je vivais.
Alors, sur un coup de tête, j’ai décidé de faire un test. Je me suis dit : “Deux semaines sans gluten, juste pour voir.” J’ai vidé mes placards de tout ce qui contenait du blé, j’ai commencé à lire les étiquettes, et j’ai découvert un monde que je ne soupçonnais pas. Au début, c’était un peu la panique : quoi manger ? Comment remplacer mes tartines du matin ? J’ai dû repenser tout mon quotidien.
Les premiers jours ont été étranges. J’avais l’impression de réapprendre à manger. Mais au bout d’une semaine, j’ai senti une différence incroyable. Mon ventre ne me faisait plus mal, mes ballonnements avaient disparu, et je me sentais… légère. Je ne me souvenais même plus de ce que ça faisait, cette sensation de ne pas avoir mal tout le temps.
Bien sûr, il y a eu des moments de craquage. Une fois, j’ai voulu goûter une part de pizza “juste pour voir”. Je l’ai regretté amèrement : les douleurs sont revenues comme un boomerang. Cette rechute m’a convaincue que ce n’était pas dans ma tête. Mon corps avait parlé, et je devais l’écouter.
C’est à partir de là que j’ai compris que ça n’allait pas être juste un régime temporaire. Le gluten et moi, c’était terminé, pour de bon. J’ai décidé de prendre soin de moi, de trouver des alternatives, de faire de ma cuisine un petit laboratoire de découvertes. J’ai appris à aimer les farines de riz, de maïs, de châtaigne, à faire des cakes sans gluten qui n’avaient rien à envier à ceux de la boulangerie.
J’ai aussi compris que manger sans gluten, ce n’était pas une punition. C’était un acte d’amour envers mon corps. Au lieu de subir, je créais. Je me suis mise à cuisiner plus souvent, à expérimenter de nouvelles recettes, à oser des mélanges inattendus. Et chaque fois que je réussissais un pain maison sans gluten ou un dessert qui faisait l’unanimité, j’avais l’impression de reprendre un peu de contrôle sur ma santé.
Ce que je retiens de cette histoire, c’est qu’il ne faut jamais minimiser les signaux de son corps. J’ai mis du temps à comprendre, j’ai douté, j’ai eu peur de paraître compliquée ou “trop fragile” aux yeux des autres. Mais au final, écouter mon corps a été la meilleure décision que j’aie jamais prise.
Aujourd’hui, je ne dirais pas que c’est toujours facile. Il y a des moments où l’odeur d’une baguette toute chaude me donne encore envie. Mais je sais que j’ai gagné bien plus que j’ai perdu : j’ai gagné ma santé, ma vitalité, et une nouvelle façon de voir la cuisine et le plaisir de manger.
Mon histoire avec le gluten est peut-être un peu chaotique, mais elle m’a appris la patience, la créativité et, surtout, l’importance de s’aimer assez pour choisir ce qui nous fait du bien.